Antidépresseurs et risque d’accident de la route en France
Catégorie : LectureAuteur : Jack R Foucher
Proposé par F Berna
Un bulletin d’alerte de l’agence nationale de sécurité du médicament daté du 29/08/2012 met en avant un risque augmenté d’accident grave surtout lors de l’initiation et de l’augmentation d’un antidépresseur. Ceci se base sur une étude dans laquelle ils sont impliqués. En croisant les registres de la police nationale et de l’assurance maladie les auteurs ont comparé une groupe de ~30.000 responsable d’accident à un nombre identique de victime. On retrouve une augmentation déjà connue du risque d’accident sous antidépresseur avec un odds ratio de 1.34 (1.22-1.47). Une seconde analyse menée sur un effectif nettement moins important (~400) contrastait en intra-sujet le risque de faire un accident dans les 6 mois suivant l’initiation ou l’augmentation d’un antidépresseur au reste du temps sous ces drogues (case-crossover analysis). Dans les deux périodes de 6 mois, l’odds ratio est significativement augmenté (1.49 et 1.32 respectivement). Les effets des autres drogues (BDZ et apparentés – Z-drugs) ainsi que les conditions de route ont été pris en compte dans l’analyse.<br />Les patients sont aussi plus déprimés au début de la prise du traitement ou de son augmentation. Aussi, même cette seconde analyse ne permet pas de déterminer la nature du lien : est-ce l’antidépresseur ou la maladie dépressive qui est en cause ? Tout laisse à penser que les deux sont responsables.
Pourquoi ne crier haro que sur les antidépresseurs ? Tous sont-ils concernés (même l’agomélatine) ?<br />Informons tout de même nos patients qu’une dépression en début de prise en charge (enfin dans les 6 premiers mois) ou lors d’une aggravation est plus à risque d’accident de la route.
Orriols et coll. "Risk of injurious road traffic crash after prescription of antidepressants” J Clin Psychiatry. 2012 Aug;73(8):1088-1094.