Ocytocine et schizophrénie
Catégorie : LectureAuteur : Julien Elowe, Jack R Foucher
Proposé par Julien Elowe
Le rationnel de cette étude reposait sur :
- La présence de récepteur à l’ocytocine (OXTR) dans une structure clef pour la schizophrénie (noyau accumbens).
- La réversion chez le rat du déficit d’inhibition du reflex de sursaut par le prepulse induit par inhibiteur NMDA (MK-801) + amphétamine par l’administration d’ocytocine (OXT) périphérique.
- L’amélioration de la confiance accordé à autrui par administration d’OXT chez le sujet sain humain (intérêt pour la paranoïa).
Les auteurs ont réalisé une étude contrôlée randomisée, double aveugle contre placébo en cross over sur 3 semaines (avec 1 semaine de wash-out).
Les critères d’inclusion étaient un diagnostic de schizophrénie, un âge adulte, traitement par 1 ou 2 antipsychotiques (stable > 4 semaines). PANSS ≥ 55 dont item 4 (persécution) ≥ 4 et CGI-S ≥ 4.
L’OXT était administrée en spray nasal de 5 bouffées, 2 fois par jours la 1ère semaine et 10 bouffées 2 fois par jour les deux autres semaines.
La statistique était en intention de traité (au moins 1 bouffée dans chaque bras) ce qui laissait 15 sujets inclus sur les 19 recrutés (3 femmes / 12 hommes).
La PANSS totale montre une interaction significative traitement x temps (p = 0.005) lié à un effet à la 3ème semaine (différence traitement – placébo de 5 points, p < 0.001, taille d’effet de = 0.43). Mais on n’a pas d’amélioration progressive au cours du temps et celle-ci est également répartie dans les 3 sous-échelles positive, négative et générale (environ 2 pt chacune).
Les effets secondaires attendus d’intoxication par l’eau (céphalée, nausées) ne se sont pas révélés plus importants dans le groupe traité. En revanche 4 patients présentaient une irritation nasale sous OX contre 2 sous placébo (ns).
Il s’agit de la seule étude sur patient de cette équipe californienne. En 2011 une équipe de Caroline du Nord a publié des résultats positifs sur les symptômes psychotiques chez 19 sujet sur 14 jours.
Il faut donc considérer cette étude comme une preuve de concept, plus que comme une réelle option thérapeutique : l'effet est modeste (5 pt) et aucun symptôme ne semble répondre spécifiquement. Les hébéphrénies selon WKL pourraient néanmoins être une cible thérapeutique intéressante. Reste à comprendre comment l’OXT permet de moduler un comportement alors qu’elle n’est pas censée traverser la barrière hémato-encéphalique ! Les vertus pro-sociales de l’OXT et de la vasopressine (AVP) continue de chercher une cible thérapeutique (autisme, anxiété sociale etc…)
Feifel et coll. Adjunctive intranasal oxytocin reduces symptoms in schizophrenia patients. Biol Psychiatry. 2010;68:678-80