02/04/2020

Critères diagnostiques de la schizophrénie selon la CIM-10 (code F20)

  • Symptômes caractéristiques : ≥1 critère (1 à 4) ou ≥2 critères (5 à 8), pendant ≥1 mois, ou critère (9) pendant ≥12 mois (soit 1 an pour la schizophrénie simple), sans faire référence à une phase prodromique non psychotique :
  1. Écho de la pensée, pensées imposées ou vol de la pensée, divulgation de la pensée.
  2. Idées délirantes de contrôle, d'influence ou de passivité, se rapportant clairement à des mouvements corporels ou à des pensées, actions ou sensations spécifiques, ou perception délirante.
  3. Hallucinations auditives dans lesquelles une ou plusieurs voix commentent en permanence le comportement du patient, ou parlent de lui ou autres types d'hallucinations auditives dans lesquelles une ou plusieurs voix émanent d'une partie du corps.
  4. Autres idées délirantes persistantes, culturellement inadéquates ou invraisemblables, concernant p. ex. l'identité religieuse ou politique ou des pouvoirs surhumains (être capable de contrôler le temps, ou de communiquer avec des extraterrestres...).
  5. Hallucinations persistantes de n'importe quel type, accompagnées soit d'idées délirantes fugaces ou à peine ébauchées, sans contenu affectif évident, soit d'idées surinvesties persistantes, ou hallucinations survenant quotidiennement pendant des semaines ou des mois d'affilée.
  6. Interruptions ou altération par interpolations du cours de la pensée. Rendant le discours incohérent et hors de propos, ou néologismes.
  7. Comportement catatonique : excitation, posture catatonique, flexibilité cireuse, négativisme, mutisme ou stupeur.
  8. Symptômes "négatifs" : apathie importante, pauvreté du discours, émoussement affectif ou réponses affectives inadéquates (ces symptômes sont généralement responsables d'un retrait social et d'une altération des performances sociales). Il doit être clairement établi que ces symptômes ne sont pas dus à une dépression ou à un traitement neuroleptique.
  9. Modification globale, persistante et significative de certains aspects du comportement, se manifestant par une perte d'intérêt, un comportement sans but, une inactivité, une attitude centrée sur soi-même, et un retrait social.
  • Critères d'exclusion : 
  1. Symptômes dépressifs ou maniaques au premier plan, à moins d'être certain que les symptômes schizophréniques précédaient les troubles de l'humeur. Ou symptômes affectifs d'importance à peu près égale aux symptômes schizophréniques et se développant simultanément : trouble schizo-affectif (F25)
  2. Atteinte cérébrale manifeste ou apparaissant au cours d'une épilepsie (F06.2)
  3. Intoxication ou un sevrage à une substance psycho-active (F1x.5)

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02/04/2020

Critères pour le sous-type

Il y a 7 sous-types différents. Si la symptomatologie schizophrénique est présente lors de l'examen, il s'agit d'une des 4 premières : les formes paranoïdes, hébéphréniques, catatoniques et indifférenciées. Les 3 premières sont mutuellement exclusives puisque doivent respectivement prédominer une symptomatologie de type distorsion de la réalité, trouble de l'affect et désorganisation et enfin de trouble de la psychomotricité. La forme indifférenciée est choisie lorsqu'aucune de ces dimensions symptomatiques ne prédomine malgré la persistance d'une symptomatologie schizophrénique. La forme résiduelle est utilisée lorsque la symptomatologie négative domine le tableau. Les sous-types "dépression post-schizophrénique" et "simple" sont spécifiques à la CIM-10 et n'existent que sous la forme de critères de recherche dans le DSM4R.

Le sous-type définit le chiffre de codage après le point.

Paranoïde (F20.0)

Remplit les critères de schizophrénie, et la dimension distorsion de la réalité est au premier plan avec :

  1. Tous types d'idées délirantes (persécution, référence, naissance de rang élevé, mission spéciale, modification corporelle, jalousie...).
  2. Hallucinations acoustico-verbales ou hallucinations auditives simples.
  3. Hallucinations autres (olfactives, gustatives, sexuelles, cenesthésiques, visuelles ...).
  4. Il y a de plus peu ou pas de perturbation de l'affect, du langage ou de la volonté.

On y inclut la schizophrénie paraphrénique, et on en exclut la paranoïa (F22.0)

Hébéphrénique (F20.1)

Remplit les critères de schizophrénie, et la dimension trouble de l'affect, de la volonté et une désorganisation sont au premier plan avec :

  1. Humeur superficielle, émotions discordantes (rires ou sourires inappropriés...).
  2. Pensée désorganisée, discours incohérent, comportement sans but.
  3. Comportement irresponsable et imprévisible.
  4. Il y a de plus peu ou pas d'idées délirantes et d'hallucinations.

Il est mentionné, mais non exigé, que la période d'observation soit d'au moins 2 mois, que le diagnostic devrait être réservé aux formes de l'adolescent - adulte jeune, et que la personnalité prémorbide soit caractérisée par une timidité et une tendance à la solitude. L'équivalent DSM4R est le sous-type désorganisé bien que le recouvrement ne soit que partiel.

Catatonique (F20.2)

Remplit les critères de schizophrénie, et la dimension trouble de la psychomotricité est au premier plan avec au moins un des symptômes suivants qui domine :

  1. Stupeur (diminution importante de la réactivité à l'environnement et de l'activité) ou mutisme.
  2. Excitation (activité motrice sans finalité apparente, non influencée par les stimuli externes).
  3. Posture catatonique (prise volontaire et maintien de postures inadéquates ou bizarres).
  4. Négativisme (résistance sans motif apparent à tous les ordres ou tentatives de mobilisation, ou mouvements dans la direction opposée).
  5. Rigidité (maintien d'une posture rigide entravant les efforts de mobilisation).
  6. Flexibilité cireuse (maintien des membres et du corps dans des positions imposées de l'extérieur).
  7. Autres symptômes comme la suggestibilité (obéissance automatique), et la persévération de mots et de phrases.

Il est souvent difficile de mettre en évidence d'autres symptômes, mais la catatonie peut s'accompagner d'un état oniroïde avec expériences hallucinatoires intensément vécues. Attention, des symptômes catatoniques s'observent aussi lors de pathologies cérébrales, de troubles métaboliques, d'intoxication ou de sevrage de substances psycho-actives ou au cours d'un trouble de l'humeur.

Indifférenciée (F20.3)

Remplit les critères de schizophrénie et deux définitions très différentes :

  1. Soit ne répond à aucune des autres formes (résiduelle et dépression post-psychotique comprises en plus des formes paranoïdes, hébéphréniques et catatoniques).
  2. Soit répond simultanément à deux des formes précédentes (paranoïdes, hébéphréniques et/ou catatoniques).

A noter que seule la dernière définition se superpose à celle du DSM4R pour le sous-type du même nom.

Dépression post-schizophrénique (F20.4)

Le diagnostic repose sur les éléments suivants:

  1. Le patient a présenté un épisode répondant aux critères de la schizophrénie au cours des 12 mois précédents.
  2. Certains symptômes schizophréniques sont encore présents.
  3. Les symptômes dépressifs sont au premier plan, ils sont à l'origine d'un sentiment de détresse, répondent aux critères d'un épisode dépressif (F32.-) et persistent au moins deux semaines.
  4. Le patient ne répond pas aux critères des sous-formes paranoïde, hébéphrénique, catatonique ou indifférenciée.

A noter que la définition 1 de la forme indifférenciée exclut la dépression post-schizophrénique. Seule la définition 2 de ce trouble peut donc s'appliquer.

Résiduelle (F20.5)

Le diagnostic repose sur les éléments suivants:

  • Au moins 1 symptôme "négatif" au premier plan pendant 1 an : ralentissement psychomoteur, réduction des activités, émoussement affectif, passivité et manque d'initiative, alogie (pauvreté de la quantité et du contenu du discours), pauvreté de la communication non verbale (expression faciale, contact oculaire, modulation de la voix et gestes), manque de soins apportés à sa personne et performances sociales médiocres.
  • L'intensité et la fréquence des symptômes florides (idées délirantes, hallucinations), ont été négligeables ou nettement atténuées pendant la même année.
  • Présence, dans les antécédents, d'au moins un épisode répondant aux critères de la schizophrénie.
  • Absence de dépression chronique ou de phénomènes d'institutionnalisation suffisants pour rendre compte de la symptomatologie négative.

Il s'agit donc d'un diagnostic sur la durée. Si la durée ne correspond pas, il faut porter le diagnostic de schizophrénie indifférenciée.

Simple (F20.6)

Il est très difficile de faire un diagnostic de schizophrénie simple (schizophrenia simplex de Bleuler). Le diagnostic repose sur :

  1. Période d'au moins 1 an.
  2. Survenue, lente et progressive (insidieuse) de symptômes "négatifs" (cf. résiduelle).
  3. Aucun antécédent d'hallucinations, d'idées délirantes, ou d'autres caractéristiques psychotiques manifestes.
  4. S'accompagne de modifications significatives du comportement : perte d'intérêt, inactivité et retrait social importants.

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02/04/2020

Codage de l'évolution

Continue (F20.x0)
Episodique avec déficit progressif (F20.x1)
Episodique avec déficit stable (F20.x2)
Episodique rémittente (F20.x3)
Rémission incomplète (F20.x4)
Rémission complète (F20.x5)
Autre (F20.x8)
Evolution imprévisible, période d'observation trop brève (F20.x9)

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