Vers un biomarqueur pour la catatonie périodique
Catégorie : Recherche, General, Internal, Lecture, Neuro-crypto, FormationAuteur : Jack R Foucher
Le phénotype de la catatonie périodique est-il en passe d’être validé ? Ce serait une première en psychiatrie. Pour rappel (cf. article complet), il s’agit d’un phénotype bien identifié et relativement fréquent (~2 patients dans un service de 20 lits). Bien qu’il puisse se présenter sous une forme très psychotique en fin d’évolution, il peut tout à fait commencer et même parfois continuer sous la forme d’un trouble bipolaire ou d’un trouble unipolaire de l’humeur ; voire lorsque cela commence très tôt sous forme d’un autisme. Les manifestations sont donc très diverses et ne correspondent absolument pas à une seule catégorie du DSM. Il s’agit d’un phénotype d’évolution rémittente progressive, c’est-à-dire marqués par des épisodes, mais avec une accumulation de symptômes spécifiques atteignant la psychomotricité. Il s’agit d’une forme à composante héréditaire puisqu’environ ⅓ des apparentés du 1er degré présentent une forme homotypique.
En 2018, deux équipes avaient publié des anomalies de débit sanguin cérébrale (rCBF) étonnamment convergents : une hyperactivité du cortex sensori-moteur et prémoteur gauche. Dans ce nouvel article, des membres du CEP ont voulu aller plus loin. Grâce à des développements méthodologiques à la fois sur le plan de l’imagerie et sur le plan de l’analyse, ils sont allés vérifier dans quelle mesure cette anomalie n’était pas déjà présente à l’échelle du sujet unique. Pour cela ils ont comparé la mesure du débit sanguin dans les régions susmentionnées entre 9 patients souffrant d’une catatonie périodique, n’appartenant pas aux cohortes déjà publiées, et 26 patients soufrant d’un autre phénotype (PMD, dépression, catatonie pseudo-compulsive…). A peu de chose près, seuls les patients souffrant d’une catatonie périodique présentaient l’anomalie avec une sensibilité de 98% et une spécificité allant jusqu’à 95%.
Bien qu’il soit encore trop tôt pour envisager l’utilisation de ce biomarqueur en clinique courante, cela conforte l’idée que la catatonie périodique soit une véritable maladie répondant à une physiopathologie spécifique.
Foucher JR, de Billy C, Jeanjean LC, Obrecht A, Mainberger O, Clauss JME, Schorr B, Lupu MC, De Sousa PL, Lamy J, Noblet V, Sauleau EA, Landré L, Berna F. (in press) A brain imaging-based diagnostic biomarker for periodic catatonia: Preliminary evidence using a Bayesian approach. Neuropsychobiology (article, supplement) (doi).