Comparaison des différentes catégories, dimensions ou constructs (CDC)
De tous les champs de la psychiatrie, celui des psychoses endogènes est sans doute celui pour lequel l’hypothèse de véritables maladies cérébrales paraît être la plus probable. Il semble étonnant que pour ce véritable enjeu de santé publique (prévalence d’environ 3% de la population), et malgré près de quarante ans de recherche, aucun éclairage théorique, aucun biomarqueur et, pire, aucun nouveau mécanisme d’action thérapeutique, en dehors de la stimulation magnétique trans-crânienne (rTMS), ne semble avoir émergé.
Le constat de l’inadaptation des classifications internationales, la CIM et le DSM, a été à l’origine d’une effervescence de propositions originales qui ont néanmoins toutes un point commun : le rejet du paradigme naturaliste et un engouement pour le paradigme normativiste. Le premier est pourtant le paradigme traditionnel de la médecine scientifique. Il suppose qu’une maladie est définie par sa cause étiologique ou physiopathologique. Une maladie est par conséquent un modèle de « dysfonction pathologique » que l’on valide par la corrélation entre la cause et son expression symptomatique. L’échec répété des tentatives de validation des entités définies par les classifications internationales a généré un grand scepticisme vis-à-vis du paradigme médical traditionnel en psychiatrie.
En désespoir de cause, nombreux sont ceux qui se sont tournés vers des approches dimensionnelles ou constructivistes. Pourtant, bien que cela n’ait jamais été réellement explicité, celles-ci s’accompagnent d’un changement de paradigme avec l’adoption du paradigme « normativiste ». Une « maladie » se définit dès lors comme une « déviance pathologique », un simple écart par rapport à une norme. Il émet l’hypothèse que ces dimensions ou ces « constructs » sont sous-tendues par la somme d’un grand nombre de petites « causes ». C’est le paradigme de base utilisé pour l’étude des traits multivariés en population normale comme pour la psychologie ou la génétique des populations. Les propositions les plus avancées sont un système à 8 dimensions proposé comme outils de recherche par le DSM-5 et « SyNoPsis », un système en 3 « constructs » proposé par l’équipe de Berne.
Pourtant, l’échec du paradigme naturaliste / catégoriel pourrait tout simplement s’expliquer par l’utilisation de phénotypes inadaptés à la réalité, ce qui ferait de son abandon une réaction inappropriée. De fait, les entités de la CIM-11 et du DSM-5 ont été définies par consensus et non à partir d’une base empirique, seule la reproductibilité inter-évaluateurs ayant fait l’objet d’études. À l’inverse, l'école de Wernicke-Kleist-Leonhard (WKL) a optimisé la description de phénotypes de psychoses endogènes en prenant pour base des observations cliniques diachroniques. Ils sont parvenus à identifier trente-cinq phénotypes majeurs qui se sont révélés reproductibles, prédictifs, et révèlent une bonne validité différentielle sur l'âge de début, la réponse au traitement, la charge héréditaire et ontogénique.
Avant de réengager tous les efforts de recherche dans une seule et même voie sans autre argument qu’un argument d’autorité, il nous semble opportun de confronter ces paradigmes et leur déclinaison en différents modèles : la CIM-11, le DSM-5 et la classification de WKL pour le paradigme naturaliste / catégoriel ainsi que le modèle à 8 dimensions et SyNoPsis pour le paradigme normativiste / dimensionnel. Ces modèles établis au niveau psychopathologique seront comparés sur leurs capacités prédictives quant au niveau d’activité des différentes régions du cerveau.
CDC-research projects funded and/or in progress
Funded projects
- SP-RENESA (personalized rTMS for negative symptoms on periodic catatonia patients vs non PC patients) - PHRC-N, DGOS n°2020-0740 ; HUS n° 8371.
- DreamsPHEN (personalized antipsychotic reduction/discontinuation in cycloid psychosis patients vs non CP patients) - PHRC-N, DGOS n°2021-0261; HUS n°8669.
Both will benefit from the newly created French Psychosis Network - F-PsyNET.