Cas clinique : Kristine
Cas clinique et commentaires : Jack Foucher
Antécédents
Mlle Kristine a 28 ans lors de la consultation. Elle est adressé par un confrère pour avis face à une "dépendance au antidépresseurs".
Pas d'antécédents personnels en dehors d'une allergie.
Sur le plan familial :
- Cadette d'une fratrie de deux, sa sœur présente une anxiété généralisée handicapante.
- Sa mère va bien, elle est issue d'une fratrie de 3 et un de ses sœur prendrait un traitement antidépresseur.
- Le père aurait fait état de moments où il n'était pas bien et d'autre ou il décrirait une surdose d'énergie qu'il mettait dans le sport. Aucun épisode clinique. La seule sœur du père a fait une TS lorsqu'elle était dans la trentaine, pas de contact avec. K. suppose qu'elle est restée dépressive.
Histoire de la pathologie
Elle se décrit comme hypersensible depuis l'enfance au point de pleurer devant les informations par exemple. A 18 ans, elle rapporte qu'elle ne se "sentait pas bien dans ses baskets", que "rentrer dans le monde des adultes lui était difficile". C'est alors que survient le décès brutal d'un ancien petit ami de sa sœur (accident de la voie publique). Dès l'annonce, elle a l'impression que le sol se dérobe sous elle. Elle décrit un sentiment de colère en elle, elle pleurait souvent, restait au lit. Au bout de 3 semaines elle va voir son médecin de famille, qui lui prescrit de la VELAFAXINE (dose non précisée). Son état s'améliore rapidement, le traitement faisant effet dès la première semaine. Comme tout allait bien, elle tente une réduction du traitement au bout de 6 mois. Malheureusement les symptômes réapparaissent. Elle consulte donc un psychiatre qui lui propose de la DULOXETINE 60 mg ce qui lui permet de passer sa 2ème année de DUT dans de bonnes conditions. Etant bien depuis 1 ans et demi, elle tente à nouveau une décroissance du traitement alors qu'elle commence la fac. Là encore rechute sous forme d'angoisse, d'une peur de la vie extérieure, dit tout voir en noir. Cependant cette fois-ci en reprenant la dose de 60 mg, elle ne retrouve plus l'envie de vivre. Pour autant, malgré son malaise (tristesse, pleurs, angoisses), elle parvient à valider son année.
Elle décide l'année suivante de prendre une année sabbatique dans une communauté catholique en Belgique. Elle y consulte un psychiatre qui lui propose d'associer du BUPROPION 150 mg LP à la DULOXETINE. Progressivement, elle retrouve l'espoir. Elle s'inscrit à une formation en alternance de deux ans. Persistent quelques idées de dévalorisation, de crainte de l'échec, mais valide sa formation et part même à l'étranger pendant quelques mois pour parfaire son anglais. Puis débute sa vie professionnelle dans des activités saisonnières. Cependant elle trouve tout le temps du travail. Elle entretien une relation régulière. Pendant tout ce temps, le traitement reste inchangé. A l'âge de 26 ans, soit plus de 4 ans après son année sabbatique, son petit ami rompt avec elle. Là elle dit que cela ne l'a pas affecté, "elle doutait de la relation depuis toujours". Elle dormais un peu moins, "j'avais une patate d'enfer", "j'avais envie de faire plein de truc", optimiste, d'un commun accord avec le psychiatre Belge, elle arrête le BUPROPION et poursuit la DULOXETINE. Elle est confronté au décès de son grand père et d'un ami, mais n'est pas abattue. Elle se décrit comme optimiste, de ne "plus avoir peur de ses peurs".
Episode actuel
Six mois plus tard, elle réduit la DULOXETINE à 30 mg. Rapidement, elle ressent une fatigue, une sensation de pression dans la tête, et se dit démotivée, avoir "le sentiment d'être nulle". Elle pense que les symptômes reviennent et reprend 60 mg. Mais rien n'y fait, pleurs, autodévaluation, plus envie de voir ses amies, honte d'être retombée, fatigue dès le matin, pensée ralentie pour résoudre des problèmes, pensée centrée sur soi décrite comme grouillante avec des ruminations. Elle décrit des sensation d'énergie dans les bras, "je sens comme si quelque chose s'écoulait dans mes nerfs", le ventre qui se serre en continue tous les jours comme si elle avait peur. Elle parvient pourtant à poursuivre son travail depuis 10 mois alors qu'elle est dans cet état.
Au début de l'entretien, elle s'exprime vivement (regard pétillant, gestes vifs, ton enjoué), pour reprendre son histoire et retrouvé les dates, elle écrit sur un papier et en le relisant a presque les larmes aux yeux. Les larmes couleront toutes seules lorsqu'on abordera la question du traitement alors qu'elle reconnaitra elle même que ce soudain accès de tristesse n'est lié à aucune pensée particulière. Elle rapporte alors qu'il lui arrive assez souvent de se sentir bien lorsqu'elle est au contact des autres "quand je suis distraite par une activité en contact des clients" et tout de suite après retrouver son état de tristesse une fois l'activité terminée. Elle décrit une envie de fumer et de boire qu'elle ne se connaissait pas et qu'elle n'avait jamais manifesté auparavant, sans qu'elle ait l'impression que cela soit fait par plaisir (elle boit 1 à 2 verres de vin ou 33 cl de bière par jour). Elle n'a pas d'idée suicidaire et a la perspective de reprendre la gérance d'une activité et aimerait fonder un foyer.
Questions
Vous pourriez prendre le temps de répondre à ces questions :
- Quelle est / sont votre / vos proposition(s) / hypothèse(s) diagnostique(s) en fonction de la CIM-10 et du DSM4R et/ou DSM5 pour l'épisode actuel. Pour ceux qui souhaites aller plus loin, quelle est l'hypothèse diagnostique la plus probable en fonction de la classification de Leonhard (WKL) ?
- Sur la base de ce(s) diagnostic(s), quel peut être le pronostic ?
- Sur la base de ce(s) diagnostic(s), quel est votre proposition thérapeutique ?
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