Cas
clinique : Roger
Observation et commentaires Jack Foucher
Diagnostic CIM-10
Diagnostic DSM4R
Diagnostic WKL
Diagnostic CIM-10
Les
symptômes psychotiques (délire,
désorganisation)
sont simultanément présents et tout autant au
premier
plan que les symptômes thymiques sur une période
de 4
mois. Cependant, si on ne prend en compte que l'épisode de
1997,
les symptômes psychotiques ne remplissent pas les
critères
a à d de la schizophrénie. En revanche, il y a 2
symptômes typiques et plus de 2 symptômes autres
pour la
manie, ceux-ci sont sévères et retentissent sur
le
fonctionnement de façon majeure (hospitalisation en HO).
Tout
cela associé au délire et à la
désorganisation correspond au diagnostic de manie
avec symptômes psychotiques (F30.2).
Un délire de persécution n'est pas
considéré comme schizophrénique. Il
peut
même être considéré comme
congruent à
l'humeur s'il s'inscrit dans un délire de grandeur et une
irritabilité (par exemple : je suis très
important et
c'est pour cela qu'il y a des gens qui m'en veulent). Ici nous ne
disposons pas d'assez d'information pour dire si le délire
est
ou non congruent à l'humeur.
REM : Le diagnostic sur la vie entière est difficile avec la
CIM-10. L'épisode au cours duquel il a l'impression qu'il
pourrait se transformer en loup-garou correspond à un
délire bizarre permettant de poser le diagnostic de trouble
schizo-affectif de type dépressif. Or ce dernier n'est
conçu que comme un diagnostic d'épisode... La
répétition des épisodes sous une forme
dépressive et maniaque ou hypomane feront sans doute retenir
le
diagnostic de trouble bipolaire.
Le pronostic
symptomatique est donc considéré comme bon,
quoiqu'il
faille rappeler que sur le plan professionnel, un peu moins de la
moitié des patients occupent un emploi.
Traitement (cf. recommandations)
: bien que le lithium seul soit une option tout à fait
respectable son délai d'action est long. Aussi les
recommandations de l'APA (voir) suggèrent dans un premier
temps
une monothérapie par neuroleptique, avec une
préférence pour l'olanzapine ou la
rispéridone,
car aussi efficace que l'haldol mais avec un meilleur profil de
tolérance (les américains sont
particulièrement
rebutés par les dyskinésies tardives, sources
potentielles de procès). Le divalproate seul est aussi
efficace
et plus rapide que le lithium. L'olanzapine ne s'est
révélé supérieure
à ce dernier que
dans une seule étude sur deux, et le divalproate est mieux
toléré.
La rispéridone ou l'olanzapine ajoutée
à du
lithium ou du divalproate s'est
révélée
supérieure à un stabilisateur de l'humeur seul.
Mais le
profil de tolérance est moins bon de sorte que cette
stratégie n'est proposée qu'après une
monothérapie.
Bien qu'il existe des études montrant la
supériorité de l'aripiprazol vs.
placébo et sa
non-infériorité par rapport à
l'haldol, ce produit
doit être complémenté d'un
sédatif au
début, et son efficacité n'a
été
démontrée que pour des formes relativement
modérées de manie. Il semble peu
adapté à
traiter un patient hospitalisé en HO.
Pour le traitement d'entretien, les antécédents
suicidaires nombreux dans la famille de ce patient devraient inciter
à proposer une couverture par du lithium plutôt
que d'un
autre normothymique en raison de ses vertus anti-suicidaires (surtout
dans la phase initiale de la pathologie).
Diagnostic DSM4R
Le
diagnostic d'épisode est aussi celui de manie avec
symptômes psychotiques. Ici la raison en est qu'il n'est pas
rapporté de période de plus de 2 semaines durant
laquelle
les troubles psychotiques étaient présents
isolément, sans symptômes thymiques. La
caractéristique non congruente du délire est en
revanche
plus facile à affirmer sur la base des informations
disponibles,
puisqu'un délire de persécution est
d'emblée
considéré comme non congruent par le DSM-4R.
Pronostic
et traitement
: cf. au-dessus.
Diagnostic WKL
Le diagnostic est simple
face
à l'incohérence sévère
sous-tendue par une
désorganisation lexicale (grammaticale), correspondant
à
une schizophasie, (spontanément) régressive (le
trouble
n'a pas persisté suite à l'épisode
schizophasique
rapporté). Seule la cataphasie
peut correspondre à ce type de tableau. En effet, si
certaines
schizophrénies systématisées peuvent
s'accompagner
d'une désorganisation sévère du
langage, elle est
irrémédiable, sauf dans la phase processuelle de
la
pathologie.
Le diagnostic aurait sans doute pu être posé
dès
l'épisode de 1997. Mais le seul document permettant de
caractériser le type d'incohérence ne
recèle
qu'une seule erreur véritablement
caractéristique, ce qui
est trop peu pour être affirmatif. (cf. cas Aloïse
pour un texte schizophasique, en particulier le texte 2)
Enfin les autres caractéristiques du trouble sont
présentes dans l'intervalle libre : la persistance d'une
désorganisation conceptuelle et le début d'un
aplatissement affectif. Dès lors que l'aplatissement est
présent, une désorganisation à minima
DOIT
être identifiable (> 95% des cas). En revanche le test
ne
permet d'établir le diagnostic entre les épisodes
avec
certitude que dans 65% des cas (cf. test
psychique expérimental).
À noter que la cataphasie
est souvent prise pour un trouble bipolaire avec composante
psychotique, comme la catatonie périodique
(souvent non congruente à l'humeur). Lors d'une phase
d'excitation d'allure maniaque, un contact inadéquat avec
l'interlocuteur doit mettre la puce à l'oreille et faire
évoquer ces diagnostics différentiels. La
paraphrénie affective, l'autre schizophrénie non
systématisée, est rapidement prise pour une forme
de
schizophrénie ou un trouble schizo-affectif entre autres en
raison de la très grande fréquence des
hallucinations
ayant les caractéristiques requises.
Classiquement pour une PMD selon l'école de WKL, le
délire doit se comprendre par rapport à
l'accélération que vit le patient. Enfin pour la psychose
confusionnelle, la désorganisation a largement
dépassé l'incohérence de choix
thématique.
C'est sur le plan pronostic
que l'identification de ce trouble est importante.
L'évolution
se fait classiquement vers une aggravation des troubles du langage et
de la pensée. Il est possible qu'une couverture efficace
associant neuroleptique et lithium puisse en ralentir
l'évolution. Encore que l'observation d'un syndrome
résiduel chez des membres de la famille n'ayant jamais
présenté de psychose laisse penser que ces
épisodes ne soient pas forcément toxiques en
eux-mêmes, mais simplement un mode de réaction
vis-à-vis de l'évolution du processus morbide
sous-jacent.
Traitement
: cf. plus haut.
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© CEP, création mars 2008,
dernière mise
à jour juin 2008, Jack Foucher